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Biosolutions Alerte aux ravageurs invasifs !

INRAE

La Ciraa 2021, conférence internationale sur les ravageurs organisée par Vegephyl, a mis l’accent sur la multiplication des espèces invasives en France et analysé les apports du biocontrôle sur plusieurs insectes nuisibles.

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«La santé des végétaux dépasse largement le cadre de l’agriculture, c’est devenu un problème international », soulignait d’entrée de jeu Hervé Quenin, président de Vegephyl, à la Ciraa 2021. La conférence internationale sur les ravageurs, qui s’est tenue du 26 au 28 octobre 2021 à Montpellier, a mis l’accent sur les insectes invasifs. « Le contexte est crispant », annonce Philippe Reignault, de l’Anses, lors de la première journée. En effet, les introductions d’espèces exotiques ont doublé depuis 2020. « Ces bioagresseurs invasifs ont un gros effet perturbateur sur la protection intégrée. Car l’arrivée d’un nouveau ravageur nécessite souvent de revenir au contrôle chimique. Pour faire face à ces défis, il faudra remplir la boîte à outils avec des solutions qui font défaut aujourd’hui », estime Philippe Nicot, de l’OILB.

450 espèces exotiques

Les entomologistes relèvent la présence d’une dizaine de nouvelles espèces d’insectes chaque année sur notre territoire. Au total, 450 espèces exotiques phytophages ont été identifiées en France à ce jour. Aux ravageurs invasifs déclarés xylella, mouches des fruits s’ajoutent les insectes potentiellement vecteurs de maladies, tels que le philène et le psylle des agrumes. Surviennent aussi de nouvelles introductions, telles que la noctuelle de la tomate, la noctuelle américaine du maïs ou le capricorne asiatique. « Les espèces d’insectes phytophages sont celles qui progressent le plus vite, en particulier les espèces d’origine asiatique, avec une hausse significative depuis 1989. La moitié de ces insectes se développent sur une seule espèce végétale à laquelle ils sont inféodés », note Alain Roques, chercheur à l’Inrae. Les familles les plus fréquentes se recrutent chez les coléoptères et les hémiptères (mouches). Celles-ci se déplacent principalement par les voies commerciales liées à la mondialisation. Selon Alain Roques, « la France et l’Italie sont souvent les premiers pays colonisés en Europe ».

Une hausse constante

Philippe Reignault a souligné l’ampleur de la tâche pour l’Anses qui réalise des milliers d’analyses annuelles sur ces insectes « arrivants » et édite des fiches d’alerte. L’agence surveille de près plusieurs ravageurs en début d’émergence : la mouche orientale Bactrocera dorsalis, la cicadelle Arboridia kakogawana sur vigne, ou tout près de nos frontières, le scarabée japonais Popillia japonica. Ce dernier, défoliateur très polyphage, se nourrit sur plus de 300 plantes. « Nous constatons une hausse constante du nombre de ravageurs, mais aussi d’insectes vecteurs de maladies », atteste Philippe Reignault. C’est pourquoi l’Anses a proposé la création d’un réseau sur ces vecteurs émergents : le pôle Vectopole Sud avec le Cirad, le CNRS, l’Inrae, l’IRD, l’université de Montpellier. « Nous allons aussi mettre en place des méthodes moléculaires pour mieux identifier les voies d’invasion, ajoute Philippe Reignault, dans l’objectif d’avoir une vision à 360° sur le contexte sanitaire. »

Apports du biocontrôle

Au fil de la Ciraa 2021, plusieurs sessions ont décrit les apports potentiels du biocontrôle. Sur maïs, Arvalis poursuit la validation de la confusion sexuelle des taupins Agriotes sordidus par la diffusion de phéromones au champ. Face aux maladies virales transmises par des pucerons JNO de l’orge, jaunisse du colza et de la betterave –, plusieurs substances naturelles seules ou combinées sont expérimentées sur les vecteurs par Arvalis et Terres Inovia. Sur vigne, la lutte contre la pyrale du daphné par confusion sexuelle avec les phéromones (Cryptotech) dans le sud de la France confirme de très bons résultats. Elle peut être mise en œuvre dans le cadre de la protection intégrée, en réduisant le nombre d’applications d’insecticides conventionnels. Sur carpocapse du pommier, l’Inrae et le CTIFL testent le lâcher et l’installation d’un insecte parasitoïde spécifique, Mastrus ridens, qui apporterait un contrôle dans la durée. Enfin, face aux ravageurs émergents, les noctuelles Helicoverpa armigera et Spodoptera littoralis, Andermatt a présenté les résultats positifs d’Helicovex et Littovir, produits de biocontrôle sans résidus et sans risque pour la faune auxiliaire.

Anne-Marie Laville

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